Sur le lac Nokoué, au sud du Bénin, nous allions rencontrer la tribu des tofinus, qui vit sur l’eau depuis plus de quatre siècles. Cette communauté, premiers habitants de la commune de Sô-Ava - La rivière sous le lac -, n’était pas des lacustres. Ils venaient de la terre ferme, pratiquaient l’agriculture et le vaudou. L’histoire en font un peuple isolé avec sa propre lange -le Tofin- et des pratiques vaudous originels qui datent de leur migration au XVIII -ème siècle.
Ce sont les guerres tribales et les marchands d’esclaves qui les ont poussés à partir pour retrouver la paix ailleurs. Dans leur fuite, ils trouvent refuge sur le lac où ils se cachent d’abord puis s’installent, emmenant avec eux leurs divinités, dont Véléketé pour qui ils vouent un amour tout particulier. Le dieu crocodile serait arrivé sur le lac, transportant, guidant et sauvant le peuple des Tofinus. Ils découvrent alors, l’alliance de l’eau douce, celle du fleuve et de l’eau salée, celle de l’océan atlantique qui respire dans le lac au rythme des marées.
À l’époque c’était déjà leur vaudou qui les avait éclairés et inspirés. Pour eux, vaudou veut dire : « être bien avec ». C’est une vision de l’équilibre entre les humains, la nature, les divinités et les ancêtres. La pratique du vaudou sur le lac, si elle est spécifique car influencée par la culture lacustre, reprend les grands piliers du vaudou traditionnel : l’équilibre entre le visible et l’invisible, le respect des ancêtres et de la nature, le travail pour permettre à tous de vivre en harmonie. On est loin des clichés véhiculés par le cinéma. Ici, le vaudou est un instrument de développement, c’est un instrument de paix.